Réalisations Bruxelles 2011
Marie-Zoë Legendre, cinéaste
Sur la femme
Film sur le thème des violences faites aux femmes réalisé image par image.
Musique : Jérémie Lacoste et Gilles Vrillaux
Chantal Legendre, peintre, sculpteure et plasticienne
PEINTURES SUR VERRE en dialogue avec les poètes :
Touria Ikbal - Marion Sellenet - Jaleh Chegeni - Maram Al Masri - Jeanne Cordedier - Leïla Ilhane - Ebtessam Al Mutawakkel - Fâtima-Al ‘Ashabî
LES AVENTURES DE H SANS MANCHE
Illustrations originales du livre de Jeanne Cordelier par Chantal Legendre Chanath.
L'ARBRE EN SOI, illustrations de Marion Sellenet pour le recueil de Chantal Legendre Chanath.
A L'OREE DU TEMPS, installation
Livre de verre contenant les textes de la correspondance avec Touria Ikbal, gravés sur des pages de verre et accompagnés de calligraphies. Accompagné d'un tapis réalisé autour de cet échange.
ELLES, Livre d'artiste
Regards croisés entre les vies d'Amina - Khadija Al salami et de Chantal Legendre Chanath.
Stéfani Debout, plasticienne :
Ici, on défigure ! : 7 toiles de Stéfani Debout et 7 haïkus de Chantal Legendre Chanath
AMINA, bannières graphiques de Stéfani Debout réalisées à partir d'images tirées du film documentaire Amina de Khadija Al-Salami et dialogues en poèmes entre Stéfani Debout et Chantal Legendre Chanath.
Marion Sellenet, plasticienne
Khadija Al Salami, cinéaste
Une étrangère dans sa ville (Maïto Production, Yémen, 2005, 28’) raconte Najmia, "Petite
étoile", qui a 13 ans, le sourire radieux et le regard franc. Dans la vieille ville de Sanaa,
au Yémen, tout le monde la connaît. Najmia, avec ses boucles offertes au soleil, est un défi
vivant à des siècles de traditions ancestrales. Insolente, insouciante, elle ne porte pas le
voile. Et la réalisatrice, Khadija Al-Salami, n’en revient toujours pas de l’avoir rencontrée.
Jeanne Cordelier, écrivaine
Eveil
Ça m'a pris un matin.
Ça aurait tout aussi bien pu me prendre un soir,
une nuit.
Le principal c'est que ça m'ait pris.
Ça m'a pris fort entre les tempes,
puis c'est descendu dans mon ventre,
comme une pierre, voyez ?
Touria Ikbal, poétesse
Trêve
Je ne regrette pas la fin du printemps
Je sais qu’un jour, il sera de retour
Ta bombe est larguée
mais elle ne m’aura pas anéantie
Une sagesse proférée
dans mon sang effréné
me dicte d’effacer tes traces
par la traîne de ma robe rayée
Joutes et combats
mes jeux non favoris
L’ordre de s’envoler dans les cieux
fut délicatement donné
Je m’apprêtais à lancer un regard
Quand un messager cria :
L’attaque est annulée
Dois-je capituler ou me résigner
à tenir mon aiguille suspendue ?
Maram Al Masri, poétesse
Aminata
Mère : Diatou
Père : Samba
Née au Sénégal
Âge : 45 ans
Profession : cuisinière
Elle disait
En désignant ce qu’il y a entre ses jambes :
« Ici
une douleur vivante
qui saigne
qui crie
qui pleure
Elle raconte l’histoire de la souffrance et de l’injustice.
Ils l’ont coupé
morceau par morceau
Ils ont cousu sa bouche
afin que, nuit après nuit, elle ne gémisse pas.
Jaleh Chegeni, poétesse
Avant que les mots
Prennent feu
Nageons dans l’océan
Doute
Ennemi millénaire
Nous a trahis
Au bon moment !
Ebtessam Al-Mutawakkel, poétesse
Des lettres qui ne m'appartiennent pas
Avec des lettres qui ne m'appartiennent pas
J'épie des pensées libertines
Je fréquente des poètes
Qui ne me connaissent pas
Je leur déclare
Avec un parfait dédain
Qu'il n'y a pas d'amitié entre nous
Et que je leur voue de la rancune
Parce qu'ils auraient…
Et parce que jamais ils…
Et parce que…
Ils n'ont pas profané cette énorme blancheur dressée devant moi
La blancheur incite mes pulsions chaque nuit
à des rancoeurs scandaleuses
La blancheur me défie
Et je n'ose lui promettre une rencontre
Dans une obscurité voisine
L'étrange blancheur
Fâtima Al-Ashabi, poétesse
La nuit a une mâchoire terrifiante
Qui déchire nos doux rêves
Ne t’endors pas
Si le sommeil venait à chatouiller nos nerfs
Veille de toutes nos paupières
Écris par-dessus les murs de
Nos souffrances
Dessine par-dessus les portes de nos gouverneurs
Le bruit de nos pas
Répand au-dessus du projet de notre mise à mort
Le sable de notre ouragan
Psalmodie le saignement de nos poèmes
De nos pleines voix
Nous sommes tous Fâtima
Une révolte qui déborde
des troncs d’arbres
Du sang de la pierre
De la cendre des années
De l’eau et de la boue
Du sang des ouvriers
De la terre de l’air et de la mer
Leïla Ilhane, poétesse
Je sors de ta mamelle
Un voeu libre de toute confusion
me tourmente
Le soleil fuse
dans mes articulations
me réchauffe
et perçoit ma nudité feutrée
Rien ne m’emplit de fierté
Rien ne m’effraie
sauf que je t’aime